(Sans titre)
La nuit
l’arbre de l’évier continue à pousser
comme si un bout de moi avait fermenté trop longtemps
ça se déchire de partout
Et maintenant
je me tricote les liens
les racines réveillent les visages disparus
Il faudrait que ce bout de moi que j’ai laissé pourrir
je lui fabrique un sens
ou une indication
( Des ombres sous la langue)
.
Les silences qui habitent nos plumes
C’est comme un fourmillement au bout des doigts,
quelques mots, des chuchotements,
me soufflent.
D’une page à l’autre, le cœur palpite
et voilà que j’écris
mon invisible.
Je tisse mes racines et je tisse mes ronces,
je traque les mystères des vieilles photographies
je brode des souvenirs qui ne m’appartiennent pas.
Mes mains tremblent,
je mâche mes rancunes, gratte mes convoitises.
Et j’abandonne
mon livre-impasse, mon livre-trace.
Nos tombes sont farouches.
Le temps venu, je fermerai les yeux.
Au-delà des collines, je deviendrai fougère.
Cela me satisfait, je n’ai plus de colère.
(Gratter les croûtes)