Sukanta Bhattacharya (en bengali : সুকান্ত ভট্টাচার্য) est né le 15 août 1926 et décédé le 13 Mai 1947.

Il s’est illustré dans la poésie bengalie et la dramaturgie. Son décès tragique, lors de la guerre d’indépendance de l’Inde, et ses écrits parfois qualifiés de « rebelles » et de « précoces » au Bengale peuvent en faire le pendant bengali de Rimbaud. Idéalisé, adulé par une grande partie de la population, Sukanta Bhattacharyya est un poète extrêmement populaire au Bangladesh. Sa poésie fut un moyen de lutte contre l’oppression vécue par ses compatriotes, lors de l’occupation du Bengale, c’est-à-dire durant le Raj britannique.

La famine de 1943, en particulier, est souvent évoquée dans ses textes poignants. Sukanta y relate la souffrance de ses contemporains. « La famine du Bengale de 1943 est la deuxième famine la plus meurtrière à s’être déroulée durant la colonisation du sous-continent indien par l’Empire britannique » (Wikipédia) Il faut noter que cette famine fut largement causée par les décisions du gouvernement britannique et de Churchill. Elle demeure une tache indélébile, la plupart du temps occultée des livres d’histoire, sur la biographie du héros européen. Mais la famine de 1943 demeure aujourd’hui encore un sujet de ressentiment de la part d’une partie de la population bangladeshie.

শত্রুএক

এদেশ বিপন্ন আজ; জানি আজ নিরন্ন জীবন-
মৃত্যুরা প্রত্যহ সঙ্গী, নিয়ত শত্রুর আক্রমণ
রক্তের আল্পনা আঁকে, কানে বাজে আর্তনাদ সুর;
তবুও সুদৃঢ় আমি, আমি এক ক্ষুধিত মজুর
আমার সম্মুখে আজ এক শত্রুঃ এক লাল পথ,
শত্রুর আঘাত আর বুভুক্ষায় উদ্দীপ্ত শপথ।
কঠিন প্রতিজ্ঞা-স্তব্ধ আমাদের দৃপ্ত কারখানায়,
প্রত্যেক নির্বাক যন্ত্র প্রতিরোধ সংকল্প জানায়।
আমার হাতের স্পর্শে প্রতিদিন যন্ত্রের গর্জন
স্মরণ করায় পণ; অবসাদ দিই বিসর্জন।
বিক্ষুব্ধ যন্ত্রের বুকে প্রতিদিন যে যুদ্ধ ঘোষণা,
সে যুদ্ধ আমার যুদ্ধ, তারই পথে স্তব্ধ দিন গোনা।
অদূর দিগন্ত আসে ক্ষিপ্র দিন, জয়োন্মত্ত পাখা-
আমার দৃষ্টিতে লাল প্রতিবিম্ব মুক্তির পতাকা।
আমার বেগান্ধ হাত, অবিরাম যন্ত্রের প্রসব
প্রচুর প্রচুর সৃস্টি, শেষ বজ্র সৃষ্টির উৎসব।।

Il n’y a qu’un ennemi

Dans ce pays, même le jour risque sa vie
C’est une époque de misère, je sais ;
La mort nous accompagne aujourd’hui encore
Sous les assauts répétés de l’ennemi
Je trace des signes enchanteurs d’un trait de sang ;
Quelque chose vient de hurler dans mes oreilles
Mais ma quête est indestructible,
Et la faim enchaîne mon âme acharnée
Aujourd’hui je marche et l’hostilité surgit
Devant mon visage, cet ennemi ;
C’est une route baignée d’incarnat
Ce sont les serments extorqués par la faim,
Les coups frappés par nos adversaires
Les usines stockent nos promesses ardentes
Le silence des machines trahit leur soif de résistance
Empoignons nos armes ; chaque jour le même cri les fige
Croyez-vous que l’histoire l’entendra ? Je suis vaincu, consumé par la fatigue,
La guerre est déclarée.
Jour après jour, le reflet de nos armes se ternit
C’est mon combat et je raye les jours qui me séparent de lui
Les jours déferleront à l’horizon, en battements d’aile triomphants
L’éclat rouge dans mes yeux ? Le reflet du drapeau de la libération
Ma main insensibilisée, les armes qu’on forge sans fin
Et à la chaîne, et ce dernier éclair qui déchire le ciel
Dans un festival d’ingéniosité et d’armement

There is only one ennemy

.In this country, even the day risks its life
It is a time of misery, I know;
Death still accompanies us today
Under the repeated assaults of the enemy
I draw enchanting signs with a line of blood;
Something just screamed in my ears
But my quest is indestructible,
And hunger chains my relentless soul
Today I walk and hostility arises
In front of my face, this enemy;
It is a road bathed in blood
These are the oaths extorted by hunger,
The blows struck by our adversaries
While the factories store our ardent promises
The silence of the machines betrays their thirst for resistance
Let’s grab our weapons; every day the same cry freezes them
Do you think history will hear it? I am defeated, consumed by fatigue,
And the war is declared.
Day after day, the reflection of our weapons fades
This is my fight and I cross out the days that separate me from it
The days will vanish in the horizon, in triumphant wingbeats
The red glow in my eyes? The reflection of the flag of liberation
My numbed hand, the weapons that are forged without end in mass production,
And this last lightning which tears the sky
In a festival of ingenuity and weaponry

Nina Cabanau

Nina Cabanau

Née en 1990, Nina Cabanau est diplômée de l’ISIT (traduction) et de l’INALCO (bengali, hindi). Elle partage son temps entre l’enseignement et la traduction. Elle aime apprendre des langues en autodidacte et partager sa passion pour les idiomes invisibilisés. Elle est l'auteur d'un recueil de poésie (Légendes de Plexiglas, L'Harmattan, 2021, à paraître).

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