vertèbres
.
votre père
dont le regard bleu seul
vous importe dans ce putride dimanche
veille à longueur de jour.
.
que dites-vous
sans fin ni attendu
dans vos dernières secousses
que dites-vous ?
.
nous allons jouir d’une pure présence
comme un fromage d’Auvergne
abandonné sur la table
abandonné et frais ruisselant
.
nous luttons contre le silence
imbéciles que nous sommes
avec les moyens du bord de la rive et du ruisseau
trempés par les remous
nous sommes des noyés accomplis
nous avons toute la grâce du chien trempé
nous avons même l’odeur
.
dans la rue les gens nous confondent avec les chiens
pourtant nous avons de très beaux manteaux
.
on ramasse des vertèbres dans la forêt
et il se trouve qu’on rêve
c’est un chat mort c’est le chat
qui roulait aux pieds de Baudelaire
Charles notre ami
c’est grâce à lui que nous nous rencontrons
ce sont les restes de son repas peut-être
.
pourquoi ramasser dans la forêt les restes d’un chat
si ce n’est pour convaincre que nous avons
toutes nos vertèbres
.
je surprenais un ami
qui comptait silencieux
les pièces de son jeu
.
il n’en manquait pas
tous les os étaient là
.
j’entends l’ami compter
lentement ses vertèbres
.
il s’assure que son dos est
solide encore vivant
.
…..à la plus intime mais nécessaire révolte
crever.. ce qui nous ronge d’un coup de dent
sec?
.
ou recueillir plus
silencieusement
……une à une
ces branches qui pourraient fleurir
comme la Reine porte
en sa bouche
ce qu’elle doit sauver de notre apocalypse
Ce sont vraiment de beaux textes ! Quelque chose de violent s’y dégage, mais ça ne violente pas. Merci !
Merci à vous !
Guillaume Dreidemie
Oui il est bon parfois de faire parler les os, de leur faire place sur la table de la cuisine, nature morte, un fromage, ce qui reste du chat de Charles…
A suivre?