Qu’est-ce qu’une femme poète ?
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Le festival Poet⋅e⋅s⋅s⋅e⋅s est le fruit d’échanges réguliers d’un collectif de 10 doctorant⋅es, de chercheur⋅euses et de poètes, depuis l’automne 2019. Ce qui nous a d’abord rassemblé.es est la conscience d’un manque flagrant dans la façon dont le paysage poétique français est défini par la recherche existante: le manque de femmes, de personnes racisé⋅es, de personnes queer. Pour parler et faire parler de ce manque ensemble, nous avons décidé de nous adresser aux premier⋅es concernées: les poètes. Ielles sont plus d’une vingtaine à prendre la parole durant ce festival.
Pour éviter de séparer théorie et pratique, poètes, acteur⋅rices du monde éditorial et critiques, nous avons décidé d’articuler un colloque universitaire, des soirées de lectures et performance, des conférences de poètes, et des ateliers pratiques (d’écriture, de traduction, de fanzines). Pour créer du commun. Ce commun est certes amoindri par la distance imposée par la situation sanitaire. Mais nous avons décidé de faire vivre l’événement coûte que coûte, quitte à nous rencontrer en chair et en os quand l’époque sera plus propice, et que cela soit prétexte à d’autres événements encore.
Notre démarche est profondément féministe : c’est-à-dire transféministe, queer, non essentialiste, anti-raciste. Les poet⋅e⋅s⋅s⋅e⋅s invité⋅es, celleux qui prennent la parole, celleux qui sont évoqué·e·s, sont éminemment pluriel⋅les. De cette diversité-là, le Festival Poet⋅e⋅s⋅s⋅e⋅s a voulu aussi se faire la caisse de résonance.
Cet espace que nous ouvrons, nous le savons précaire, précieux, fragile. Il existe comme une contrariété, ou comme une contre-attaque. Comme une menace qui gronde. À celleux qui sont menaçant⋅es, qui ont mauvaises réputations ou mauvais goût, qui exagèrent, qui outrepassent, mais aussi celleux qui agissent de manière souterraine, les absent⋅es. Nous disons que nous voulons les lire, nous voulons en hériter, nous voulons que leurs mots inondent le paysage, qu’ielles le noient s’il faut.
Ce festival n’est pas une parenthèse, il ouvre un espace à l’écoute des histoires discrètes, des lignées obscures ou invisibilisées, à la recherche d’héritages comme de communautés possibles. Chaque mot prononcé est du terrain que nous gagnons. Nous initions des gestes. Nous tissons des toiles. Nous tirons des fils. La poésie a fait l’objet d’une capture, qui réduit son espace et tient à distance nombre de celleux qui la pratiquent : les femmes, les personnes queer, les personnes racisées. Le Festival Poet⋅e⋅s⋅s⋅e⋅s veut occuper ce mot, le réclamer, se le réapproprier.
Pour en savoir plus et découvrir le programme qui se déroulera du 3 au 13 mai 2021: https://poetesses.hypotheses.org/53
(Source: site Poet.e.s.s.e.s)