Freud publie Psychologie des foules et analyse du moi (Massenpsychologie und Ich-Analyse) en 1921. Dans les publications modernes, ce texte a été regroupé avec trois autres sous le titre Essais de psychanalyse.

Considérations actuelles sur la guerre et la mort (1915). Le titre comme la date se passent de commentaires. Effarant autant que déprimant : ce texte est resté (faut-il dire ne cesse de redevenir) d’une actualité brûlante.

Au-delà du principe de plaisir (1920). Un des textes les plus étonnants de Freud, dans lequel la réflexion sur la répétition névrotique fait passer du jeu d’un bébé (son petit neveu) (c’est le fameux Fort-Da*) aux traumas des soldats de 14, pour finir par forger le concept de pulsion de mort. On n’est pas toujours dans la franche rigolade faut bien le dire,mais bon y a le moment sur le jeu où l’on s’attendrit devant l’art d’être grand-oncle de ce bon vieux Sigmund.

Le moi et le ça (1923). Freud y élabore sa deuxième topique (représentation du psychisme selon une métaphore spatiale) (insistons sur le mot métaphore). La première topique avait formulé dynamique et structure du psychisme selon le rapport conscient/inconscient (cf L’interprétation du rêve 1900). La deuxième distingue trois instances qu’elle articule à ce rapport.

Le ça (Es) est, dit-il, le réservoir pulsionnel du moi. Il comprend le refoulé qu’on peut retrouver par l’analyse, mais aussi un inconscient irréductible.

Le surmoi (Überich) est l’instance qui intègre normes, interdits parentaux et sociaux, valeurs directrices. Freud l’associe surtout à la conscience morale. Il est en partie cs, en partie ics.

Le moi (Ich) a la dure mission de synthétiser la personnalité. Il doit donc gérer d’un côté le rapport à la réalité, de l’autre les tensions entre ça et surmoi. Ce qui en fait une double zone tampon : entre exigences pulsionnelles primaires et exigences morales raisonnées ; entre élan immédiat et prise en compte de la réalité (conditions matérielles, relations avec les autres etc.).

Ainsi pour Freud le psychisme humain n’existe que dans sa dynamique de conflits successifs. Prise en compte et résolution (même temporaire) du conflit = psychisme fonctionnel. Évitement du conflit ou fixation sur lui = psychisme dysfonctionnel.

Voilà pour le contexte de Psychologie des foules. Cet ensemble d’essais n’est guère réjouissant par son contenu. Mais on y trouve la constante des écrits de Freud : énergie intellectuelle, puissance (dirait Spinoza) mise à chercher, à comprendre.

Ceci console de cela.

*Le bébé joue à balancer une bobine en disant oooh et quand on la lui rend il module aaah. Tonton Sigmund traduit oooh par Fort (= parti, loin, là-bas) et aaah par Da (= ici). Pour lui ce jeu a pour motivation les absences de la mère, sa disparition/réapparition. Au lieu de les subir, l’enfant s’en rend maître symboliquement par le jeu.

image par David Mark (Pixabay)

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