La cuisine de Calypso

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La nymphe Calypso avait gardé un bel appétit, et se fichait pas mal de n’être plus la tanagra d’antan ; c’était beau, après tout, que toute la mangeaille savoureuse de son île, ses pistaches, ses fromages bien secs, ses olives et ses herbes amères sur le pain craquant et chaud, sa piquette odorante, et l’amande trempée dans le miel, laissent une trace dans son corps, quelque chose de la jovialité de la dégustation, du recueillement de la mastication, de la sensualité lente de la déglutition ; ces bourrelets, rondeurs, cellulite, quoique depuis longtemps démodées, et bien qu’elle ne sortît pas comme d’autres de la cuisse, elle, bien musclée, de Jupiter, témoignaient qu’un temps fut où les déesses-mêmes, des bien plus gradées qu’elle, posaient fièrement en callipyges ventrues et s’incarnaient dans leur gloire sous le ciseau ou le pinceau de leurs adorateurs. Elle le rappelait de temps en temps aux Aphrodite et autre Artémis qui lui conseillaient de faire comme elles un régime low-carb et du sport.

Dans sa grotte solitaire, au seuil de laquelle elle ne regardait plus que rarement les bateaux passer, elle ne se serait pas contentée du tout venant de l’ambroisie vitaminée commandée-livrée par les aides de camp de ce roublard d’Hyberite. Elle passait du temps dans sa cuisine : elle y ouvrait avec cœur des végétaux bons pour l’oeil, croquants à l’oreille, et causeurs sur la langue, les épiçait ou pas, y versait l’huile épaisse, verte, presque amère, y posait le poisson, l’épeautre, l’ail. Ces choses venaient en abondance dans son île foutraque et ses marchés, dont elle aimait de plus en plus, un peu encanaillée du coup, les saisons humaines , et surtout ce printemps fugace qui flirte avec les dieux et fait croire à l’éternité. Il arrivait chaque année comme un décor de théâtre dans la fixité ombilicale de sa grotte hors du temps ; voilà ce que c’est d’avoir fricoté avec un homme, rien qu’un mortel ; même s’il était et resterait dans le genre un loup de mer extrêmement populaire, c’était un mortel, point. Car les saisons se défont, pourrissent, et les humains aussi.

Aucune conscience de classe, persiflait Hermès quand il passait par là et la voyait rêveuse et désorientée.

*** 2 ***

Depuis qu’Ulysse était parti, cette nymphe d’un seul rocher n’avait plus guère la tentation de le quitter, d’aller voir ailleurs si elle pouvait y être ; elle n’écoutait plus les ragots, générés par des posts des caméras de surveillance de la toute puissante Héra et colportés par ses amis les Instagrattes sur le passage en ski du héros sur les pistes des Rocheuses, ses descentes dans les mines d’Ukraine, et ses délaissées sublimes qui parlaient toutes les langues.
Elle se contentait des récits de voyages, des odyssées poétiques, de leurs triangles des bermudes et leurs amers, et des sagas de cœurs chauds sur glaciers; et elle voyageait casanière sur l’horizon de carton glacé de ces objets d’apparence insignifiante appelés cartes postales, qu’elle avait semées entre frigo, murs, et corbeilles. C’est ainsi qu’elle suivait, tournant le dos à l’azur salé du port qui lui collait parfois un doux blues, les traversées de quelques déités qui lui étaient chères et savaient qu’elle aimait encore saisir leurs mains à travers la forme et la couleur de leurs mots.

Pas très fashion, la déesse aux belles boucles. Outre que la carte postale est une invention humaine et moche, elle est déjà chez les mortels en voie de disparition, suite à l’offensive sournoise de ces peuples de monstres ailés, les Fesseboucs et autres Snappechattes et Touitches qui sans jamais attaquer directement de leurs griffes puissantes les usines de cartes postales ou les bureaux de poste, tuaient dans l’oeuf ces modestes missives, suscitant de grandes lourdeurs dans les poignets des écriveurs, faisant disparaître les styles, stylets, stylos, et les points de vente de timbres-poste ; aussi, ils décourageaient les bonnes volontés en portant dans leurs becs crochus et à une inégalable vitesse tous les Bons souvenirs de Cancale, Amicales pensées de Tegucigalpa, Il pleut à Athènes mais nous faisons de grandes parties de scrabble, les J’ai battu mon record de bronzage à Santorin, les Une glace bien méritée après nos 800 m de dénivelé, et les Nous avons réalisé notre rêve, la grande muraille de Chine, mais on ne comprend pas bien les Chinois.

Hop ! Chopées en vol les velléités de faire signe à quelqu’un de spécial avec l’humilité des mots petits et des clichés de l’affection maladroite, étouffée dans l’oeuf l’adresse à une destinataire choisie, puisque de toutes façons on a trois-cents amis toujours merveilleusement d’accord avec vous, surtout contre les ennemis. Et personne ne risque de se plaindre de n’avoir rien reçu.

Les sales bêtes ! pensa Calypso. Elles avaient déjà commencé à circonvenir Ulysse, qui se targuait pourtant d’indépendance d’esprit.

*** 3 ***

Elle contemplait la ronde de photos ou dessins, des reliques en somme ; toutes, elles lui faisaient signe, non seulement à cause de la conversation secrète qu’elles initiaient entre le recto, le verso, l’envoyeur et elle, mais aussi parce que la frise composée au hasard des arrivées entre murs, meubles, et frigo, dessinait tantôt l’étole mouvante de la petite Iris, tantôt les ailes de rechange des sandales de ce vieil opportuniste d’Hermès ; c’était vraiment joli comme disaient ses nymphes préférées, ses petites protégées, entendant par là coloré et tendre. Toutes ces vagues naïves, convenues, l’aidaient à ne pas mettre les pieds dans la même sandale, à ne pas oublier sa part divine, à se maintenir à égale distance avec les humains en meutes, et les dieux qui pinçaient toujours un peu le nez devant les nymphes, même les plus puritaines d’entre elles ; de cette façon aussi, elle se tenait loin des nouvelles races de monstres qui se prenaient pour des dieux, se jouaient des hommes, et qui l’horripilaient ; ils pouvaient encore faire bien pire.

Avec Hermès, c’était un peu ambigu ; Calypso se souvenait bien de la dernière visite de ce filou des coins de rue, double face et soi-disant neutre, vieux beau assez tentant encore, le sourire dentifrice, le feu aux fesses pour repartir, jamais le temps pour un café mais toujours une arrière-pensée d’avance. C’est lui qui lui avait signifié -mais bien sûr il n’y était pour rien, c’était un ordre du grand chef des dieux- que la bluette repos du guerrier avec Ulysse avait assez duré, qu’elle devait le remettre au bateau dare-dare : comment ne l’avait-elle pas vu, il piaffait, ce malheureux captif, superman chouchou à sa mentore, il n’avait pas que ça à faire, il avait laissé Pénélope dans une belle pagaille, abandonné son fils ; fallait réagir ; lui Hermès, prenait ses ordres d’en haut, les transmettait avec un zèle suspect ; et elle, la sous-fifre aux belles boucles noires, avait intérêt à se faire oublier.

Toujours l’écharpe de cartes postales apaisait sa mélancolie, lui disant que, de loin ou de plus près, quelqu’un, quelqu’une avait pensé à elle, avait eu assez d’élan pour lui partager quelque chose de la beauté d’un lieu, exprimer un désir de revoyure, lui souhaiter des douceurs d’anniversaire ; on l’avait insérée un instant là, dans ce paysage ou cette peinture, comme une trace de pas attendant sa semelle, quand l’expéditeur depuis longtemps serait allé faire le touriste ailleurs.

Ce matin d’été, elle eut faim de pastèque, et, avant de tirer du frigo le gros boulet parfait, cette merveille de lourd et de léger, ce fruit cosmique qui mettait sur sa table la perfection divine, les équations relatives au temps qui passe, capricieux comme une chèvre quand les planètes dansent entre les vivants et les immortels, elle suspendit son geste en voyant sur la porte émaillée, tenue par la magie de l’électromagnétique combinée au kitsch de ces aimants vendus aussi dans les boutiques de cartes postales, une carte reçue récemment de la sage naïade Iréni et de son Sylphe, autant dire Philémon et Baucis, les vieux époux magnifiques, ceux qui font la preuve par deux qu’on peut s’aimer pour toujours en n’en voulant à personne, avec la bénédiction du père Zeus qui ne fait pas volontiers ce genre de cadeau, ce vieux pingre.

C’était l’horloge à carillons de Prague et sa danse macabre.

*** 4 ***

Alors elle se souvint – c’était déjà loin maintenant-, Ulysse l’avait emmenée là-bas. Dans la vie moderne. Avion et compagnie. Elle se souvint de la foule compacte avec laquelle ils attendirent sur la place de très vieilles nouvelles du temps qui passe puis s’arrête, elle se souvint de la sortie du clocher, à l’heure dite, de la faucheuse et de son corps de ballet tout en os, repensa avec plaisir au pont Charles et aux joies de la baroquie, aux abus, avec Ulysse, de ces gaufres en cornet pleines de chantilly, au nom inarticulable qui promettait une dégustation plus étonnante. C’était une escale déjà connue du bourlingueur, venu là jadis avec sa Pénélope.

C’est là que Calypso comprit qu’elle risquait de taper longtemps à la porte de son âme. C’est là qu’il apprit presque sans broncher- quelques larmes bloquées dans sa gorge- la mort de la vieille Anticlée, sa maman bien-aimée, là qu’il organisa par téléphone la gestion du problème. Un vrai loup de mer, un vrai pourfendeur de Cyclopes, même pas peur des Enfers, un homme d’action ne regarde pas dans les gouffres.

Il y avait un moment que Calypso ne pleurait plus, cœur essoré ; elle commença à ouvrir sa pastèque avec un gros couteau, et posa ses yeux au-dessus de son plan de travail sur une vue du Japon, une jolie dame en kimono rose au milieu des cerisiers en fleurs ; au dos se trouvait un de ces messages légers, précis, d’une jeune nymphe de sa parentèle qui, embarquée comme toujours sur le dos d’un super centaure dans ses bouts du monde, avait pris le goût et l’art de choisir l’image, de la commenter au verso, détaillant les étapes, les visites, les péripéties, partageant ainsi avec elle quelques surprises sensibles de ses odyssées heureuses, sans un brin de nostalgie, et méthodiques, – l’efficacité éducative paternelle ne loupait aucune nourriture locale, matérielle ou immatérielle-.

Le Japon au printemps estampillé la fit rêver à nouveau d’un monde où le passé n’aurait pas à faire allégeance au présent , et d’un présent grandi de la mémoire de ses mythes et de ses au-delà ; quelque chose comme un éden où on pourrait circuler dans le temps dans tous les sens.

Alors, sans doute la faute à l’escale précédente de Prague-sur-frigo, un peu distraite, elle manqua la pastèque et s’entama profondément la paume.

Encore.

*** 5 ***

C’était déjà arrivé, ce coup de couteau. Le jour, lointain déjà, où elle avait reçu d’Ulysse une carte du Japon, sa dernière, en fait. Après le message d’Hermès, elle avait été écartée sans égards de cette escale du soleil levant, ses Champs-Elysées à lui, d’estampes, de cerisiers et de poisson crus découpés comme des gravures, de kimonos et de gratte-ciels, de cosplays bébêtes mais parfaits, d’absolue propreté, de matcha chic et de machisme, et, n’en doutons pas, de mystérieuses geishas célestes comme des étoiles.

Le jour où elle l’avait reçue, elle avait lu, relu, encore et encore, reniflé, y suspectant le parfum d’une Amaterasu à éclipses ou d’une sirène de kakemono, les quelques lignes enfoncées par cette écriture explosive dans le carton, et écrites dans ce grec des îles du Nord-Ouest qu’alors elle comprenait encore un peu ; entre deux lectures, elle avait repris chaque fois ses pluches, l’estomac un peu plus soulevé, les yeux un peu plus brouillés, et elle avait fini par s’entailler profondément la paume ; elle était retournée encore à la carte, recto, verso, recto, y cherchant en vain une lumière, une étoile, même filante, même polaire et frisquette ; et elle l’avait souillée, passant à la sanguine l’empreinte brûlante du stylo, les mots tiédasses et l’image de la belle estampe, chats, cerisiers, volutes, dernière coquetterie du capitaine, qui savait son goût pour l’indéchiffrable des félins et le pouvoir de leur grâce ; il montrait ainsi à la délaissée qu’il savait encore y faire, saut périlleux arrière de la séduction, même si le cœur n’y était plus.

Cette fois-ci, les yeux restèrent secs, et, sans prendre le temps de laver sa main collante de pastèque et de sang, elle alla rechercher le chat nippon dans sa cachette. Les cartes postales d’Ulysse n’avaient jamais été affichées, elles restaient silencieuses dans la table de nuit, lui envoyant, à défaut de la chaleur d’un corps, tantôt quelques fantômes mi-chair mi-poisson suscités par les vieux dieux d’avant l’Olympe, tritons et naïades autour d’une trière ivre et de ses noyés, tantôt pourtant le rêve d’une bonne odeur d’eau d’outre-mer. Elle parcourut une dernière fois, délayées davantage dans le sang vieux et neuf et le jus du fruit, les maigres phrases à l’affection contrôlée de cette écriture effrayante d’éloquence en sous-texte, dernier rituel d’étape, memento d’escale, ne m’oubliez-pas, caillou de Petit-Poucet-y-a-plus-Personne. Rien à voir avec les cartes du dessous de la pile dans le tiroir, pleines de points d’exclamation et de mots qui sonnaient fort, incrustés dans le carton, de cette langue étrange et scandée. Elle s’abstint cette fois de les relire.

Il est temps, se dit-elle.

*** 6 ***

Elle lava la blessure, y mit un gros sparadrap. Elle contempla encore l’horloge de Prague et son ballet macabre, ses mots jeunes de vieux amis. Plus que temps. Elle vida le tiroir de la table de nuit de sa pile de mots évidés, et les posta vers le néant pourrissant, dans la gueule de la poubelle. Pas recyclables.

La pastèque fraîchement ouverte, un big bang rouge, noir, vert, lui lava la langue, les dents et le cœur, la mit en appétit de belles choses à partager, d’écrire une carte postale.

Elle farfouilla dans sa collection à elle, sa récolte d’étape de brèves odyssées dans des flaques d’eau si proches, dans des musées, son épopée sans trompette, mais scandée de peintures, de monstres, de mirabilia, comme disait une langue qui bougeait encore toute vive sous la sienne, délices de l’étonnement, toute cette belle ouvrage d’humains habitée de dieux à eux, qui lui tenaient la bouche ouverte, beauté ou laideur pleine de sang rouge- car où est la frontière ?

Elle trouva une belle nature morte italienne, pastèque éventrée par la soif sauvage du peintre, juteuse et pour toujours, avec aussi du raisin, des melons, des feuilles de vigne, corbeille sur terrasse au soleil couchant, et se rappela heureuse que l’italien rend justice à ces peintures qu’il préfère parfois appeler ancora vita, cet humble face à face des pinceaux contre la mort, dont pour une fois les humains sortent presque invaincus, tant sous le vernis et ses craquelures, la sève des fruits bat, leurs atomes s’agitent dans notre pouls, notre salive.

Au verso, Calypso remercia la chère nymphette de l’avoir associée à sa longue odyssée ailée via son dernier courrier, timbré du gros bouddha de Nara, de l’avoir ainsi décidée à partir enfin très loin, et de l’avoir accouchée de son vieux désir bien à elle, où conduisait une allée de cerisiers en fleurs, ce désir d’absolu dépaysage, de xénophilie, d’être au large et à la marge, d’être perdue, de ne pas comprendre, d’être traversée d’étrangérité, de se sentir fragile, de perdre un temps sa gravité.

Elle quitta ainsi, enroulée dans l’écharpe d’Iris, sa cuisine, ses albums d’images, ses mythes et légendes, ses fantômes bons ou vénéneux, toujours enfuis. Elle laissa derrière elle ses nostalgies de terre promise, s’emplit de la joie des fatigues voyageuses, des surprises des sens et de la raison, poisson cru, techniques ultra-modernes au service de l’antique discrétion, bains brûlants dans des grottes, et villes immenses pour fourmis humaines, sons bizarres et beaux d’une langue qui ne livrait de sens que si quelqu’un, par humanité, prenait la peine d’un peu traduire, nécessité joyeuse d’en être reconnaissante.

*** 7 ***

Elle ne rencontra ni sirènes griffues ni vaches anthropophages, mais sentait bien qu’elle croisait d’innombrables pénélopes, de charmants télémaques, de séduisants ulysses, des vieux laërtes; Hermès se garda bien de se montrer avec les injonctions de son patron, elle l’aurait renvoyé vite fait vers l’Occident olympien.

Elle aima ces îles autres que la sienne sur une autre mer ; et, quoique leur cliente, elle aima ses hôtes …

Elle aima l’opacité de ce monde qu’elle ne pouvait qu’effleurer : elle épargnait la présomption de connaître que procure le familier à cette foule d’autruis, au son secret des pluies impalpables de pétales, autour duquel les rires des piques-niques familiaux, le crac des polaroïds sous la soie des cerisiers, les gouttes de pluie s’enroulaient comme un bolduc. Sakura. Un mot rose, entre épiphanie cosmique et tour de cartes pour fête d’anniversaire.

Cette musique pianissimo que Calypso avait autrefois découverte sous l’éternité des pinceaux ou des estampes, vibrait en harmoniques plus basses sur les fers calcinés du dôme d’Hiroshima et de la ville si vive autour de l’eau, et sur une corde en elle qui chantait le fragile, le suspendu, l’inconnu de chaque vie, la distance définitive, cruelle et désirable entre chaque humain, ce trou noir plein d’atomes agités qu’enseigne chaque voyage dont un peu d’amour n’est pas absent.

Les dieux immortels, les Parques elles-mêmes, pourtant des vraies professionnelles, ne pouvaient rien deviner des fils qui alors se tendaient au-dessus de cette béance entre les êtres, animés, inanimés, vivants, mortels, morts, près, loin et soudain un peu moins loin ; des fils costauds faits d’un peu de ses phanères, de ses fibres musculaires, de ses os, de ses artères, de la direction de ses regards, du gong bizarre de son cœur, de ses désespoirs aussi ; des fils joyeux pourtant comme l’attente de la barque entre deux terres, quand le désir du prochain port s’enfle du regret des ports quittés.

Ulysse n’était pas près de le comprendre. Pas si humain que ça.

Elle envoya quelques cartes postales. Acheta un livre de recettes, sans traduction mais sacrément bien illustré.

Au retour, elle vit sans tristesse que ses longues boucles qui rendaient les déesses jalouses s’étaient salées de blanc : elles avaient emporté dans leurs vagues pas mal d’embruns d’entre les îles de l’Est. Ses paupières s’étaient alourdies de souvenirs qui n’étaient pas que siens.

Il était temps de se remettre au fourneaux comme une vieille mortelle.

Laure-Anne Fillias-Bensussan

Laure-Anne Fillias-Bensussan

Déracinée-enracinée à Marseille, Europe, j'ai un parcours très-très-académique puis très-très-expérimental en linguistique, stylistique, langues anciennes, théâtre, chant, analyse des arts plastiques, et écriture. Sévèrement atteinte de dilettantisme depuis longtemps, j'espère, loin de l'exposition de l'unanimisme des groupes de réseaux, continuer à explorer longtemps la vie réelle et la langue, les langues. Reste que je suis constante dans le désir de partager, écouter, transmettre un peu de l'humain incarné au monde par l'écriture ; la mienne, je ne la veux ni arme militante, ni exercice de consolation, mais mise en évidence de fratersororité. J'ai publié deux recueils de poèmes, écrit une adaptation théâtrale, participé à la rédaction de nombreux Cahiers de l'Artothèque Antonin Artaud pour des monographies d'artistes contemporains ; je collabore aussi avec la revue d'écritures Filigranes. - En cours : deux projets de recueils de courtes fictions, et d'un recueil de poèmes.

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    12 Commentaires

    • Monique dit :

      Un texte gourmand de vie, qui voyage dans le temps comme dans l’espace.
      Merci de nous proposer ta version de Calypso : une nymphe curieuse du monde, qui apprend à se détacher de l’homme qu’elle aime. Calypso bien en chair, bien en vie !
      Continue Laure Anne, je déguste…

      • Laure-Anne Fillias-Bensussan dit :

        Merci beaucoup, Monique, d’avoir lu et fait retour. Cela fait grand bien d’être encouragé par d’estimables personnes!! Pourquoi ne proposes-tu pas à la revue une réflexion sur ta formation en cours?

    • Sylvie Mellet dit :

      Un vrai partage ! Des fils qui se tissent, allusifs, poétiques, où chaque lecteur ou lectrice entend les échos d’une part de toi et d’une part de soi. Des fils de soie … Doux, légers, solides, brillants. Nostalgiques aussi dans un monde de polyester et d’élasthanne !
      Très beau texte, merci.

      • Laure-Anne dit :

        Merci, chère Sylvie, d’avoir lu et commenté si positivement. C’est si bon cette sensation que l’écriture fait partage comme un repas…et nous met de plain pied plus aisément que les lectures cérébrales du monde.

    • Ah ! M’attendais pas à cette Calypso-ci ! Mais c’est le propre de l’écrivant : tous les pouvoirs sont à lui.
      Belle diversion.
      èfkharisto

    • Jacqueline L'Heveder dit :

      Belle mise en scène et en abîme. Quels parcours ile faut que la jolie nymphe accomplisse pour découvrir la sagesse ultime. Une leçon de vie dans une cuisine, la tambouille mène à tout… Bravo pour ce texte.

    • Jacqueline L'Heveder dit :

      « Il » bien sûr, l’Odyssée m’a-t-elle perturbée?

    • Michèle Monte dit :

      Merci pour ce texte à la fois mélancolique et serein qui sait tenir à distance les blessures et faire l’éloge des vrais liens.

      • Laure-Anne dit :

        Merci, chère Michèle d’avoir pris le temps de lire et de faire ce retour qui m’encourage et soutient.

    • Ariane dit :

      Je partage l’enthousiasme de ces commentaires. Ce texte fait du bien, un texte nourrissant et léger, revigorant et savoureux.
      Sur la carte postale j’écris : ma chère Calypso, salut et sororité !

    • bellatorre dit :

      Un texte fleuve dans lequel on prend plaisir à se baigner avec Calypso et les personnages qui l’accompagnent. Ce n’est pas le Léthé pour autant on n’oublie rien de ce qu’on a lu et on en ressort imprégné pour longtemps.
      Je me joins volontiers au concert de louanges.

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