« Je ne voyage jamais sans mon journal intime. Il faut toujours avoir quelque chose de sensationnel à lire dans le train. » Oscar Wilde (De l’importance d’être Constant)
Sacré Narcisse ! Quoique. Il y a un usage pharmacologique du journal intime.
Relire les mots que colère, douleur, angoisse, ont fait « dégorger au papier » (dit Montaigne) les fait voir dans une distance propice à l’analyse. On vivra (un peu) plus sereinement ces affects quand ils reviendront. Quant à la joie, l’admiration, notées dans le journal, elles offrent la consolation de se souvenir des belles choses.
On y retrouve aussi telle pensée utile à la réflexion ultérieure (voire à l’action), une citation qui illumine. Et oui, alors, c’est plus sensationnel que tant de vanités qui encombrent les présentoirs de librairies ou bibliothèques.
L’auteur qui refait toujours le même livre (qu’il n’ait décidément rien d’autre à dire, ou que son éditeur rentabilise le filon), celui qui formate son sujet pour être dans le créneau (supposé) vendeur, avec une indigence d’idées et un conformisme de style (ou l’inverse) tout sauf improbables : que de fois est-on renvoyé de Charybde en Scylla. On feuillette un volume sur la foi d’un titre accrocheur. Et puis quoi ? Bof.
Es-tu si contente de tes propres écrits pour juger ainsi, t’autoriser tant de morgue ? (ne m’enverra pas dire le lecteur). Bien sûr que non (c’est pourquoi sans doute je ne suis pas portée à la lecture indulgente) (tu vois lecteur je me le sers moi-même) (avec pas trop de verve, mais bon).
Reste à conclure de façon à consoler tout auteur : ceux qui l’aiment le liront dans le train.