PERSONNAGE 1 – Les représentations qui permettaient aux hommes de s’identifier eux-mêmes et de se reconnaître entre eux ont disparu si bien que n’ont survécu que des notions d’adéquation et d’usage.
Un univers où tout est identique à tout – entièrement nivelé –, où rien ne ressort de rien.
PERSONNAGE 2 – Les gens s’identifient entre eux à tout et à n’importe qui ; ce sont des modes de l’indifférencié et de la jalousie… L’égalitarisme n’est pas la justice.
PERSONNAGE 1 – Je ne sais pas si la société existe encore dans les sociétés occidentales, mais il y existe encore des classes sociales. Lesquelles…?
PERSONNAGE 2 – Monde où tout le monde est devenu étranger à tout le monde, où celui qui se comporte en riverain, en concitoyen ou en proche est considéré comme étrange.
PERSONNAGE 1 – Ils s’indiquent des choses mais n’échangent plus rien.
PERSONNAGE 2 – Gens totalement extérieurs les uns aux autres. Chacun échappe largement à l’autre. Éloignement des hommes entre eux.
PERSONNAGE 1 – Il y a ces hommes qui ne s’identifiant plus eux- mêmes ne s’identifient plus entre eux.
PERSONNAGE 2 – Ayant pris peur d’eux-mêmes ils prennent peur des autres.
PERSONNAGE 1 – Ils fuient les autres comme ils se fuient eux- mêmes.
PERSONNAGE 2 – Pour certains, leur histoire personnelle devient leur raison de vivre et l’image du monde.
PERSONNAGE 1 – Ils ne s’intéressent pas à ce que tu racontes ; ils s’intéressent aux fantasmes qu’ils ont de toi et d’autres autour de toi.
PERSONNAGE 2 – La question n’est pas que les gens montrent ce qu’ils sont ; la question est qu’ils continuent à occuper la place qu’ils ont dans l’esprit des autres.
PERSONNAGE 1 – Ce que les gens attendent des autres, c’est qu’ils leur disent exactement ce qu’ils veulent entendre.
PERSONNAGE 2 – Ceux qui croient faire l’investigation des autres mais qui à terme ne trouvent jamais qu’eux-mêmes.
PERSONNAGE 1 – L’image qu’ils ont des autres est en fait une justification d’eux-mêmes.
PERSONNAGE 2 – Le petit théâtre intérieur où chacun vient faire jouer aux autres leur rôle de plus ou moins bon gré.
PERSONNAGE 1 – On croit que ce qu’on comprend est la réalité alors que c’est tout autre chose, une certaine représentation qu’on en a.
PERSONNAGE 2 – Je n’agis pas parce qu’il faut agir de telle ou telle manière. J’agis en fonction d’une mythologie interne.
Vladimir et Estragon, Mercier et Camier rôdent dans les parages, avec une bonne pincée de o tempora o mores… Ce qui est sûr c’est que « ça » essaye encore de se parler dans vos existences, nonobstant les masques et nez rouges, envers et contre les obstacles contemporains !
Merci d’avoir trouvé un talent de parole si plaisant à mes personnages !