Improvisation du Nouvel An

Après avoir recherché les Christmas songs, réécoutant ainsi avec un sérieux alibi mes musiques préférées de Noël, je me suis interrogée sur ce que l’on écoute lors de cette fameuse soirée qui clôt l’année. Le jazz ne répond pas à l’appel cette fois, mon Jazz calendar me donne un “Grey December” et un “June in January”, presqu’une réalité avec le changement climatique.

On le sait, les traditions se perdent, même en cuisine, avec des pompes à l’huile avant le soir du 24 décembre et les premières galettes bien avant l’épiphanie. Seul demeure un certain esprit de la fête, très arrosée, avec ses débordements, en cette Saint Sylvestre où  hier soir, des feux d’artifice sur les Champs marquèrent le passage à l’an neuf 2023, le retour à la liesse populaire (un million de curieux tout de même)  après deux années de pandémie contraignante. L’Australie avec dix heures d’avance nous précède pour accueillir la nouvelle année, Big Ben sonne à toutes volées, Times Square célèbre l’éternel “New York New York” de Frank Sinatra et même les Ukrainiens à Kiev essaient d’oublier cette terrible année en hurlant “2022 va te faire voir”. Quelle année horribilis en effet avec la guerre dès février, le cauchemar pour les femmes d’Afghanistan et d’Iran et d’autres horreurs…

Et pourtant, on fait comme si de rien n’était, l’allocution du Président  est toujours casée à 20 heures, l’esprit de Noël perdure jusqu’en ce dernier jour de l’année, avec des vieux Walt Disney ou des comédies musicales comme le féerique Brigadoon de Minelli que je dus découvrir à la télé, à l’adolescence …

Dans une mémoire encombrée s’est soudain frayé un passage, éternel retour, je me suis soudain rappelée que je ne ratais jamais un certain rituel (kitschisssime), le Concert du Nouvel An, la plus ancienne émission de la télévision (1958) avec le concours de l’Eurovision. C’est dire…

Tous les ans, vers 11h du matin, on peut entendre ces musiques de la capitale autrichienne, en direct du Musik Verein, honorant la famille Strauss au grand complet, le père évidemment et les fils, avec parfois des inédits, la polka rapide d’Edouard, une valse de Joseph, ou l’ouverture d’Isabella, de Franz von Suppe, l’inventeur de l’opérette viennoise. Un programme immuable où l’on aperçoit le public endimanché, regarde des reportages sur la pâtisserie viennoise, les parcs de la ville, les ballets de l’opéra, le choeur des Petits Chanteurs de Vienne. Des passages obligés, le « Beau Danube bleu » et la « Marche de Radetzky » toujours placés à la fin du programme : tout un ensemble de traditions et d’inédits dans un répertoire plus que riche, inusable même. Hommage à la musique légère qui fit fureur au XIXème avec galops, polkas, mazurkas, valses. Elle est toujours cultivée à Vienne avec le plus grand sérieux par de grands orchestres.

Cette année qui commence, la mémoire s’invite à ma table, individuelle ou collective et me sert des madeleines délectables! Enfant, on avait dû m’offrir ce 33 tours que j’ai encore. Adolescente, j’émergeais à l’heure dite et me recouchais sur la banquette du salon, alors que ma mère s’affairait en cuisine, en haussant les épaules devant mon manque évident d’énergie et mon goût de ces “vieilleries” que visiblement je ne tirais pas d’elle.

Chaque année à Marseille, à l’Opéra, on célèbre les opérettes,  d’Offenbach, souvent viennoises. Je reste fidèle à l’Autriche avec  La Veuve Joyeuse (Franz Lehar ) créée le 31 décembre 1905, découverte en décembre 1995. J’avais acheté le livret avec une reproduction d’un tableau de James Tissot.

!

Cette année L’auberge du cheval Blanc (Im weissen Rössl) de Ralph Benatzky, transféré du Tyrol à la Méditerranée, Bandol et Marseille, pendant les années folles. Changement qui n’est pas tout à fait indispensable pour les amoureux des viennoiseries comme moi, on ne se refait pas!

Alors, puisque ma nostalgie demeure ce qu’elle était… je dis bien volontiers au revoir à 2022 avec Auld Lang Syne, attribuée à l’Ecossais Robert Burns. Même s’il n’en fut que le passeur, oublions l’année passée avec ce Choral des Adieux. Ce n’est qu’un au revoir!

4 Commentaires

  • L'heveder dit :

    Mémoire merci, à toi aussi Sophie et que les musiques soient nos » remembers ».

  • Sophie Chambon dit :

    Merci Jacqueline et en ce début d’année 23 que je te souhaite douce, soyons un Janus bifrons comme l’écrit un ami. N’oublions pas d’où nous venons et ce qui nous a constitué.
    Une mémoire vive et musicale, pourquoi pas? qui nous fait mieux saisir ce qui advient.

  • Laure-Anne dit :

    Heureuse de te lire en ces si personnels souvenirs, qui ravivent certains des miens, comme fait la lecture de bonnes pages…
    Une Veuve joyeuse amenée mes grands-parents au Casino de Luchon où ma mère et mon frère faisaient une cure…
    Heures anciennes, heures exquises qui nous grisent !
    Tu as donc vu l’opérette de Nouvel An cette année à Marseille? Bonne idée, je ne l’ai encore jamais fait…

  • Sophie Chambon dit :

    Pas encore pu trouver d’extraits intéressants sur le net. Je reste à l’heure viennoise….

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