Le liner est blanc-violet il a des bleus
faut pas le décrocher pas
toucher les abeilles
pour sortir il tire les bords brûlants
part avec des roues dans la verdure
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Avec le petit-frère ils bagarrent l’eau
murailles et bulloirs
leurs arcs-en-ciel
ils ont du chlore dans les poumons
c’est pourquoi la nuit a cette saveur
si dure
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Piscine hantée
croisière malsaine
guêpes et coccinelles
la patte au cœur
en sauver une une fois
prendre le ciel autour
arracher l’eau
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La voisine elle c’est volley
son frère au centre lobe
impeccable ils frappent la balle
molle très fatiguée pleine de soleil
quand elle tombe à l’angle de la piscine
eux joyeux de se toucher les mains
les maillots la peau de la voisine au ventre, son cœur
mort
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Ils sèchent sur des serviettes
neuves et l’herbe fichue
ça sent la boue sucrée le vomi
des figues –– l’eau nocive
ils ont trempé longtemps les yeux dans l’acide neutre
et tout leur vient sous des plaies grasses des trous velues
qui pulsent
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Alors
crises d’arrosages
toute la pelouse les noie
batailles d’orteils
la boue tendre
ils se dépêchent serviettes
aux pieds
sur la terrasse aux carreaux oranges
vers la table en mercure : il fait paisible à l’ombre
les chaises ont la chair de poule
Ces poèmes sont issus du recueil « Le cahier d’eau »
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(Image Fotomelia)
Un ton qui se veut à la fois désinvolte et grave, comme toute jeunesse.