Toilette matinale
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De très légères écharpes roses – rose poudré, irisé, rose-lumière – voilent pudiquement le soleil qui se lève. C’est l’heure de sa toilette matinale : encore tout chiffonné d’une longue nuit passée ailleurs (et dont on ne saura rien), le voici qui fait ses ablutions dans une cuvette de brume, pataugeant, s’aspergeant, s’ébrouant, éclaboussant de rosée les herbes du jardin et les fleurs frissonnantes. Aux miroirs des fenêtres, la buée se condense en lourdes gouttelettes, bientôt filets limpides qui glissent sur les vitres en arabesques fractales.
Puis le cérémonial prend fin. Les voiles roses s’écartent et Hélios apparaît, propre comme un sou neuf. Il s’étire, se grandit et se grossit, se hisse au-dessus de la canopée des grands chênes, tout juste au-dessus – à peine parfois – tant aujourd’hui sa trajectoire est proche de son périgée.
Le soleil est lavé, le soleil est levé. Mais sa chaleur reste incertaine. Il faudra du temps pour que sèche le jardin.
Très réussi, ce petit-lever…
Par chez-nous, sur la craie des collines et les toits pas encore rouges, même pas encore bruns, il fait assez vite son beau, flamboie jaune coq et oublie vite ses émois rêvés gris et roses…
Oui, je l’imagine assez bien en coq flamboyant et fanfaron découpant et exhibant à l’horizon sa silhouette ronde, comme perchée sur la colline. Ici c’est autre chose. Sutout aux demi-saisons et en hiver.