C’était un mardi, jour de réfection du pansement de Mme A.

Je l’aime bien cette dame, elle dit toujours qu’elle a eu une belle vie «et je peux le dire du haut de mes quatre-vingt-huit ans ! ». Sous ses jolies rides elle continue de sourire à l’avenir. Même ses yeux, sans doute un peu moins bleus qu’avant, brillent toujours intensément. Mais ce soin lui fait mal, c’est douloureux de se faire gratter les chairs nécrosées pour laisser la place à la chair vivante de repousser.

Et elle suppliait : « Maman, que j’ai mal, maman, mais où es-tu ? » Il faut avoir foi en l’efficacité de ce qu’on fait pour supporter de l’entendre gémir ainsi…

À la fin je lui demande pourquoi donc elle a imploré sa défunte mère. « Parce que j’aimerais qu’elle soit là. Aujourd’hui il ne me reste plus que mes souvenirs, et le vide qu’elle a laissé en partant. On n’a qu’une maman, et la vie nous l’apprend en nous la prenant. »

En rentrant chez moi ce soir-là, j’ai appelé ma mère, et mon père aussi. Merci Madame A.

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