« Le bonheur et le malheur me rendent également malheureux. Pourquoi alors m’arrive-t-il quelquefois de préférer le premier ? »  Cioran (Aveux et anathèmes)

Peut être pour ceci  : « La lumière de l’aube est la vraie lumière, la lumière primordiale. Chaque fois que je la contemple, je bénis mes mauvaises nuits qui m’offrent l’occasion d’assister au spectacle du Commencement. Yeats la qualifie de « lascive ». Belle trouvaille évidente. »

Oui évidente c’est le mot. La pensée ouvre à l’imagination du malheur (au-delà de sa simple épreuve). Le corps, lui, l’animal, reste arrimé au réel, sans commentaire. S’il souffre il souffre c’est « comme ça ». Et s’il est dans le bien-être il n’ira pas s’inventer un complexe de Damoclès.

D’où la justesse de la constatation « Il faut qu’une sensation soit tombée bien bas pour qu’elle se mue en idée. »

Cioran y fait écho à Nietzsche. « Les pensées sont les ombres de nos sensations – toujours plus sombres, plus vides, plus simples que celles-ci. » (Le Gai savoir 179 Pensées).

Sauf qu’en fait comme la mutation de la sensation en idée et sentiment est le fait humain majeur (cf entre autres Spinoza ou Freud), l’immédiateté du bonheur c’est pas si facile.

Mais bon on ne va pas s’embarquer là-dedans, restons dans l’évidence, sœur jumelle de la facilité.

« Les pleurs d’admiration, unique excuse de cet univers, puisqu’il lui en faut une. »

Oui enfin si je peux me permettre, c’est plutôt une excuse pour l’être humain, un alibi pour toutes ses horreurs et mochetés. L’univers, lui, n’a pas besoin d’excuse, étant ce qu’il est, il est parfait (comme dit Spinoza).

« Chaque fois que le futur me semble concevable, j’ai l’impression d’avoir été visité par la Grâce. »

Tu sais quoi ? Vas-y, propose-lui de rester, qu’est-ce que tu risques ? Fais genre Bach « que ma joie demeure ».

« À saint Séverin, en écoutant, à l’orgue, l’Art de la Fugue, je me disais et redisais : Voilà la réfutation de tous mes anathèmes. »

Tu vois, quand tu veux …

photo Marion (Pixabay)

Un Commentaire

  • Laure-Anne Fillias-Bensussan dit :

    Je ne sais pas si l’univers est parfait, à mesure d’homme en tous cas, mais ce n’est pas notre pire ennemi…
    Que la grâce et Bach demeurent, au-dessus des précipices que creusent violences et inconséquences…

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