Nous sommes un matin de décembre 2020, au bord de la tachycardie je savoure mon huitième café matinal lorsqu’une pensée fugace me traverse l’esprit.
Les Zombies existent ils ?
La réponse pourrait vous surprendre.
L’association des morts d’Uttar Pradesh, mais c’est quoi donc ?
1976, alors âgé de 20 ans Lal Bihari, paysan d’Uttar Pradesh (Inde), demande un prêt bancaire qu’il se voit refuser, ceci pour un motif cocasse.
Il a été déclaré officiellement mort.
Rapide retour sur le contexte de cette affaire :
L’oncle de Lal Bihari, un humble paysan local, souhaitant profiter de la terre de son neveu a soudoyé un fonctionnaire du gouvernement pour l’équivalent de ₹ 1200 (environ une vingtaine d’euros).
Il a ainsi pu déclarer son neveu décédé, afin d’hériter de ses biens fonciers ancestraux d’environ 1 acre (0,4 hectares).
Suite aux pertes de ses terres et de sa maison Lal Bihari s’est battu contre le gouvernement indien pendant 18 ans pour prouver qu’il était vivant, de 1976 à 1994.
Lal Bihari a essayé en vain pendant de nombreuses années de faire annuler son décès, multipliant les recours, apprenant par la même occasion qu’au minimum une centaine de personnes étaient dans le même cas que lui.
Révolté et souhaitant que justice soit rendue, il fonde l’association des morts de Uttar Pradesh (Uttar Pradesh Mritak Sangh).
Dans l’optique de faire valoir son existence avant de se lancer une procédure judiciaire, il tenta d’attirer l’attention sur son cas de plusieurs façons, notamment en changeant son nom en Lal Bihari Mritak ( mritak est en hindi le mot « mort »).
Bihari a également insulté la police et les fonctionnaires du gouvernement, jetant des brochures sur eux, en essayant de les engager dans des combats.
Allant jusqu’à bafouer ses propres valeurs morales il coordonnera l’enlèvement de l’enfant de son oncle, pour inciter les autorités à le faire arrêter, ainsi en l’arrêtant la police et des fonctionnaires devraient reconnaître que la personne arrêtée était vivante et donc des papiers devrait être produits à cet effet, en vain.
Coup du sort, il verra même la rente de veuve de sa femme refusée.
Il décide de médiatiser l’affaire, d’organiser ses propres obsèques, de réclamer une nouvelle pension pour sa veuve, allant jusqu’à se présenter à des élections locales, qu’il perd, pour mettre en confrontation l’administration qui valide sa candidature, donc le fait qu’il soit vivant, avec l’administration qui a enregistré son décès.
Un long combat s’ensuivit, il retrouva enfin son identité en 1994, soit 18 ans plus tard.
En 2003, il reçoit le Prix Ig Nobel de la paix honorant son combat notamment avec son association (Prix décernés en 2003) pour sa triple réalisation :
- avoir mené une vie active alors qu’il avait été reconnu officiellement décédé en 1976 ;
- avoir mené une campagne posthume acharnée contre l’inertie bureaucratique ;
- avoir créé l’association des personnes décédées.
Drôle d’histoire n’est ce pas ? Sachez que l’association n’est pas dissoute.
Revenus d’entre les morts, pensez vous que les membres de cette association méritent le titre de zombie ?
Maintenant vous savez.
Références
- Plight of the Living Dead » , Time Magazine, 1999
- The Ig Nobel Prizes « The Ig Nobel Prizes honor achievements that first make people laugh, and then make them think. The prizes are intended to celebrate the unusual, honor the imaginative — and spur people’s interest in science, medicine, and technology. »
Unnecessary Knowledge, la pastille de connaissance inutile qui vous permettra de briller en société et d’épater même vos amis les plus calés.
Histoire vraiment kafkaïenne si ce mot a un sens ! On se demande comment ça a pu être possible. Comme quoi la désorganisation administrative conjuguée à la pratique de la corruption peut faire des miracles .
Et puis moi à la place de ce valeureux zombie de Pal Bihari, j’aurais une méchante dent contre mon tonton …
L’histoire ne raconte pas ce qui est advenu de son tonton….
Un zombie étant, si je ne m’abuse, un mort rappelé à la vie par un sorcier à la volonté duquel il est soumis, les membres de l’asso. d’Uttar Pradesh ne doivent pas, à mon avis, être appelés zombies. En effet, ils se sont rappelés à la vie (ou sont en train de le faire) eux-mêmes en dépensant souvent de nombreux efforts et ne sont pas soumis à la volonté d’un autre. Ai-je bien répondu à la question de fond ?
Quant au tonton, ce n’est pas une dent que j’aurais contre lui, mais tout mon dentier.