Soupirs de mémoire

Dominique BOUZON

La traversée (flûtes solo)

Autoproduit, distribué par Musicast.fr

 

Dominique Bouzon voyageait dans et sur le souffle…
Si tout s’affaiblit et disparaît, dans ses enregistrements quelque chose d’elle demeure.
Cette femme plurielle fut un temps orchestre à elle seule, mettant en scène sa traversée de pièces réécrites pour ses “filles” qui “persiflûtaient” entre elles et ensemble. C’est cela que l’on entend, très exactement, dans un jeu de miroir sonore, plus qu’une réflexion sur l’instrument, au demeurant peu connoté jazz. Même si elle aimait la belle famille des traversières (piccolo, grande flûte en ut, alto, basse et octobasse) aux possibilités sonores très étendues, du tambour africain, vent de la flûte arabe, aux sautillements d’oiseau.
Comme si elle pressentait qu’il allait lui manquer, elle qui saisissait la vie au vif, s’est offert un disque sur le souffle. Son premier en leader et en solo. Coup double.
Plongée au coeur de sa forêt de sons, cette nymphe respirait enfin librement en nous inspirant le même sentiment. Ce voyage intérieur, ces rivages inconnus abordés en tirant de ses instruments, chuchotis, échos, réverb, vibrations graves.…. Rêve ou réalité ? Son travail d’écriture considérable, éloigné du répertoire jazz, s’inspirait d’une géographie volontiers interculturelle, avec des compositions-fragments d’un paysage singulier.
Avec la fluidité de lignes qui n’en sont pas moins percutantes, elle utilise toutes les techniques connues : slap à la flûte basse, voix-instrument à l’unisson, jeu de langue, timbres de clés. Elle démarre sur une seule piste, puis, aidée du rerecording, laisse ses flûtes se déployer en tuilage avant de relancer les improvisations.
Cette fille du vent, musicienne avant d’être une femme du jazz, a tracé sa voie avec acharnement, en oblique, effectuant une mise au point continue de sa création, souvent poétique, jamais dénuée de risque.

2 Commentaires

  • Laure-Anne Fillias-Bensussan dit :

    Chère feue Dominique ! et quelle belle et généreuse pédagogue par-dessus le marché, partageuse comme pas deux !
    Merci merci Sophie de ce bel hommage !
    Hélas j’ai laissé son disque avec Lulu’ s back in town dans ma vie précédente…

  • Sophie Chambon dit :

    J’avais déjà écrit quelque chose au moment de sa disparition mais je ne suis pas allée aux obsèques . Je n ai pas pu. Je ne pouvais pas encore à l époque.
    Aussi j’ai pensé ( pour moi, le mois s’y prête particulièrement) que, pour qu’ elle ne se se ďéréalise pas complètement, je devais reprendre et réécrire quelques lignes. Et vendredi, ce fut long et difficile. Le temps n’aplanit pas toujours les choses.

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