Semeurs de bêtes (2)

.

Ils étaient deux somnambules dans le métier tardif des semeurs de bêtes. Médoline songea aux volcans qu’elle n’avait jamais vus. La brume pleine que le semeur jetait de sa bouche, injectée d’éclairs, lui rappelaient les éruptions de son livre de science. Le cercle rouge de la cigarette glissait dans le noir et se répandait ; Ruffiot restait perdu dans la pénombre et ce qu’elle percevait de son corps, dans la fumée, les flashs, semblait la nature originelle en pleine chair. Ils en faisaient partie, on lui avait appris ça, au même titre que les arbres, les bêtes et les nuages : ce soir, elle était une animale qui semait des animaux. Ses mains continuèrent de vibrer après avoir fermé la terre, il lui sembla qu’elle venait de planter de la foudre.

Germain Tramier

Germain Tramier

Germain Tramier explore les contrées de l'enfance et de l'imaginaire, son écriture s'inscrit dans le sillage des littératures oniriques ; elle porte une réflexion sur le temps ou la conscience, mais aborde également des notions plus politiques comme celle d'antispécisme. Son recueil Corps silencieux a reçu le prix de La Crypte en 2018.

    Voir tous ses articles

    Laisser un Commentaire

    Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.