Je ne voudrais pas quitter le sujet en laissant le lecteur sur sa faim. Je vais donc me pencher sur une question qui m’allèche, non pas que je croie que le lecteur se la pose, lui qui se pose, avec véhémence, je n’en doute pas, celle-ci :

« S’échiner à écrire de la main gauche ?

mais, bon sang ! à quoi bon ? »

et dont l’insipidité m’ennuie ; mais sur celle-là, plus étroitement orientée, et à laquelle, vu cette étroitesse, je parie qu’on n’aura pas songé :

« Quels textes écrire de la gauche ? »

Des textes auxquels une écriture pleine de maladresse et de gaucherie donnerait une saveur spéciale; car cette idée me plaît que la gaucherie soit un don et une épice.

Chacun aura remarqué, compris que le mot fragile qui nous sert de titre a été ici tracé d’une main gourde et gauche, malhabile et maladroite dans le seul but de rendre visible cette fragilité de l’humain, qui est, j’ose le prétendre, notre vraie saveur ; et que ce titre ici n’est pas seulement un mot, qu’il est aussi

une image dans laquelle le visible parle à l’œil.

Bref, écrire des textes qui soient des apparitions, si frêles et fugaces soient-elles. A notre image.

A mains piano

Mais…

à un clavier on peut mettre les deux mains, objectera-t-on.

5 Commentaires

  • Ariane Beth dit :

    « S’échiner à écrire de la main gauche, à quoi bon » : insipide question ? ça se discute, je trouve (s’échiner est-il un mot insipide ?) Mais bon. En tous cas elle amène une réponse pragmatique : parce que ça peut toujours servir. Et ça « pour moi ça veut dire beaucoup ».

  • L-A dit :

    Oui, la vie est courte, le coeur parfois petit joueur, l’esprit souvent étroit, pas trop de nos deux mains multipliées par des milliards pour trouver quelque force dans cette épice douce…

  • SALAMAND dit :

    Gauche, je le suis…
    Gauchère, je le suis…
    Droite je le suis…
    Droitière, je ne le suis pas…
    Et alors, voilà ma différence avec le monde des droitiers !!!
    Vous qui m’avez attachée, maltraitée, condamnée,
    Je suis encore là pour vous le dire « bande d’ignorants » !!

  • FRAGILELIGARF
    RAGILELIGAR
    AGILELIGA
    GILELIG
    ILELI
    LEL
    E

    • Pierre Hélène-Scande dit :

      Oui, de droite à gauche, puis de gauche à droite, comme le miroir de nos amis dodécaphonistes. Fragile, cependant, n’est pas faible, ni s’amoindrissant comme guetté par la disparition. Fragile, certes, mais tenace.

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