Transition sur deux triptyques à propos de théâtre

 

Scène vivante
Scène vivante

 

La confiance sous toutes ses formes modernes et vitales, doit se renouveler au sein d’un théâtre nécessaire, à chaque fois dans un mouvement qui soit cohérent pour le public

 

Que se passe-t-il sur la scène vivante aujourd’hui ?

 

Scène vivante

Je dis bien vivante aujourd’hui, parce que le théâtre d’autrefois occupe la rue d’aujourd’hui

 

C’est ici et maintenant, devant nos yeux de spectateurs de la vie, que se joue, de continent en continent, la grande saga des guerres, viols, meurtres, incestes, trahisons politiques, abus de pouvoir etc. Shakespeare en avait rêvé, le monde l’aura inventé. Ironie oblige…

Seulement la scène vivante, c’est plus que la vie, sinon elle ne serait que représentation mortifère de l’existence. Parce que plus que la vie, pour la scène, c’est plus qu’un corps social ou psychologique embusqué dans des exigences existentielles, livré en pâture au public. Une scène vivante au théâtre, c’est avant tout donner de la vie à la vie. Car si nous vivons bien du Shakespeare sur toutes les ondes, c’est pourtant aujourd’hui que ces scènes se vivent. Un spectacle vivant referait vivre des scènes shakespeariennes mais actualisées à notre époque. Ce serait un miroir adapté à ce qu’il reflète là, devant nous, non pas dans l’immédiateté, mais dans la justesse de ton et de regard qu’il porte vers le spectateur surpris par son reflet à l’instant où se joue ce dernier. Coup de théâtre qui serait le défi à relever par le spectacle vivant aujourd’hui.

Ce théâtre-là est bien sûr politique par essence dans la mesure où il singularise la civilisation en lui donnant comme axiome de départ, le nécessaire d’un spectacle vivant. Il est nécessaire de pouvoir déranger les concepts qui viennent se loger dans les certitudes, il est nécessaire de voir avant de parler ou d’agir, il est toujours nécessaire d’apaiser les conflits. Or le langage de la scène c’est le langage médiateur entre nous et l’invisible, depuis les Grecs.

Scène vivante

La scène vivante forme un ensemble de représentations dont les rouages sont des intérêts de désintéressés

 

A priori ce qui est nécessaire n’est pas séduisant, or le théâtre est séducteur dans son essence, sans quoi le public fuirait. Des désintéressés, néanmoins séducteurs, viennent donc sur une scène contemporaine pour provoquer en nous une séduction d’intérêt public. Quelques complications, sans aller jusqu’à la contrition, jalonnent ce procédé en contradictions, bien civilisationnel. Il s’agit bien d’un échange à trouver dans l’art et la manière de transmettre au public.

L’art est un vecteur de transmission puissant. C’est ce constat que les professionnels du théâtre défendent. Mais l’art est également un domaine délicat à manier, d’autant plus sur scène où l’erreur transpire si vite.

Scène vivante

Un autre élément précieux dans la démarche de la représentation scénique, un élément qui constitue les possibles d’un travail d’équipe, se trouve être la confiance

 

Puisqu’il s’agit d’un art délicat, d’une liberté à laquelle on s’éduque, pour reprendre les mots du dramaturge et metteur en scène italien, Mimmo Sorrentino, il convient de trouver la confiance générale afin que tout se déroule dans les règles de l’art. La rencontre avec un public se fait ou ne se fait pas, et bien sûr, elle ne doit pas être manquée.

Pour ce, la scène a bien des fantômes fâcheux à faire fuir, le superficiel que le poète Oscar Wilde appelait le plus grand des vices, devrait faire place au plus beau des artifices, par exemple, ou encore l’utile, devrait faire place au nécessaire. La poétique de la scène c’est d’être là avec quelques-uns à interactiver. C’est un échange payant, comme toute œuvre mise à disposition d’un public. Pour que cette interactivité reste vivante, toute une équipe à qui on a fait confiance, se fait confiance, pour qu’à son tour, un public soit conquis.

Scène vivante

Aujourd’hui, pour répondre à toutes ces exigences qualitatives, la mise en place d’une plateforme intelligente de la création artistique émergente s’annonce comme idée

 

C’est-à-dire que devant la nécessité croissante d’une réponse civilisée face aux conflits devenus violents, les artistes du spectacle vivant se doivent de défendre cette réponse, en rapprochant création et diffusion dans leur forme générale. Les nécessités se rencontrent d’ailleurs sur des plateaux salutaires à leur nécessité, elles se diffusent également, par des nécessités sœurs. La création doit trouver une cohérence dans sa démarche de diffusion liée à sa création, les deux étant pour eux de nécessité commune. La rencontre se fait si celle-ci est respectée sur tout le parcours de création et de diffusion réunies. Que les spectateurs doivent se sacrifier pour voir une pièce qui les réconcilierait, au moins avec l’art, est inadmissible. Si le théâtre reste un plaisir, pourquoi en faire un chemin de croix pour tous ceux à qui il peut faire du bien ? C’est bien là que le bât blesse. Ce n’est pas logique de rendre presque impossible un accès salutaire à la civilisation. D’un autre côté, la nécessité, jamais superficielle, doit, à chaque fois, être la preuve d’un gage de qualité de cette représentation.

 

Scène vivante

Ce théâtre sera nécessaire tant qu’il répondra à la mutation sociétale, sans se tromper

 

Ces questions sont extrêmement délicates, mais elles restent vitales pour la civilisation. Un bon spectacle vivant échangera avec son public quelque chose de la vie plus vivant que nature. Il réussira cet échange si le public reconnaît une forme de nécessité dans ce qui se joue sur scène devant lui. Et c’est heureusement le cas à chaque bon spectacle vivant, car ces derniers sont toujours complets.

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