Il est de bon ton aujourd’hui de prendre position sur tout. Loin de moi cette intention. Néanmoins, pour une femme, il est difficile de passer complètement à côté du phénomène #metoo. Tout est dans le titre, déjà, et la moitié de la population peut se sentir concernée, d’autant plus grâce à la relecture de sa propre existence à laquelle incite ce mouvement. En effet, ce dernier agit comme un révélateur, à la manière d’une encre sympathique exposée à la flamme: car on peut avoir été contrainte, abusée, violée sans le savoir, sans avoir mis (ni même pensé à mettre) de mot sur ce qui a été vécu. Une fois le nom mis à la chose, celle-ci apparaît clairement comme ce qu’elle est vraiment: insupportable, intolérable.

Le constat que nous sommes beaucoup à avoir subi cela procure en outre un sentiment – inédit à cette ampleur – d’une universelle sororité: toutes nous sommes Progné et Philomèle. Quelle joie d’apprendre que parfois, plutôt que d’attiser les rivalités, l’heure est à la solidarité, et encore à l’orgueil d’être femme. On serait presque tenté d’utiliser le mot de « progrès ». Il ne s’agit pas de se victimiser, mais, comme dans la négritude, de se réapproprier cette histoire faite d’humiliations, d’asservissement et d’instrumentalisation, de se la dire et de l’écrire.

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